Mémé Titine, une vie simple et compliquée à la fois

Portraits écrits

Portrait hommage

Mémé Titine, elle était joyeuse. Gentille. Profondément gentille. Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de quelqu’un. Dans son regard, il y a ce côté enfant qu’elle n’a jamais perdu.

Sandra, petite-fille de Titine

Titine est une farceuse. L’air malicieux et le regard espiègle. S’amusant à arroser ses petits enfants avec l’eau de la piscine. Ou à essayer de les caser avec le Docteur Love local lors de ses hospitalisations. L’air de rien. Ni vue, ni connue. Ben quoi ? Pas vue, pas prise. Titine, elle a ce petit truc dans les yeux qui dit tant sans avoir besoin de parler. Des yeux expressifs capables de mettre de la joie là où il n’y en a pas, ou plus. De regarder bien en face l’objectif de l’appareil photo en tirant la langue. Sa façon à elle de défier la vie quand celle-ci se montre trop revêche ou glaçante. De lui dire, sans baisser le regard : « Peu importe les bâtons dans les roues, moi je sais jouer avec les bâtons ! ».

Ben oui… Titine a précieusement gardé son âme d’enfant. Malgré les fins de mois difficiles, les 5 enfants à nourrir, et les accès de violence d’un compagnon de route consumé par l’alcool… Jouer encore et toujours. Car le jeu, elle aime ça ! Petits chevaux, dames, jeu de l’oie, dominos… Jouer sans respecter toutes les règles. Tricher comme pour s’évader de cette vie parfois trop étroite. Et inlassablement défricher. Semer. Planter. Avec fierté. Entretenir son potager, véritable parcelle d’oxygène. Puis admirer depuis son fauteuil le spectacle de ses récoltes gorgées de soleil. Les mains jointes, le coeur léger. Comme un(e) sage en posture de méditation.

Titine, bonne poire ? Non ! Simplement une femme qui ne pense pas qu’à la sienne. Profondément généreuse. Soucieuse que personne ne manque de rien, même en ayant peu. Prête à accueillir à sa table les potes de ses enfants, les connaissances de passage en difficultés. Partager avec eux/elles le précieux poulet-frites. Parce que vous savez, quand il y en a pour huit… Nonchalante, presque flegmatique face aux ombres du monde mais aussi à celles des gens. Capable de cerner le meilleur, en pardonnant le reste. Tout le reste. Jusqu’à l’inacceptable : les mensonges et les coups… « Parce que quand on aime un homme ma petite, c’est pour la vie ».

Chez Titine alors, « tout chante l’espoir » comme dit la chanson de Tino Rossi ? Pas si simple… Derrière sa douceur et une tendresse tout en pudeur, Titine masque une inquiétude silencieuse. Un je-ne-sais-quoi qui gronde et qu’on ne peut exprimer avec des mots (Un puma dans le coeur, Stéphanie Dupays). Titine, une vie simple et compliquée à la fois.